Le BEUC craint que la décision de Lufthansa/ITA puisse nuire aux consommateurs en raison du manque de clarté des recours

Le BEUC, qui représente les intérêts des consommateurs dans 31 pays européens, regrette le manque de clarté autour des recours qui ont conduit la Commission européenne à approuver sous conditions l’acquisition par Lufthansa du contrôle conjoint d’ITA Airways.

Le directeur général du BEUC, Agustin Reyna, a déclaré : « Le BEUC regrette le manque de clarté concernant les mesures correctives qui ont conduit la Commission européenne à approuver sous conditions la fusion Lufthansa/ITA. Il s’agit d’une décision extrêmement importante pour les passagers aériens. Nous sommes convaincus que la décision de la Commission, comme l’a déclaré la vice-présidente exécutive Vestager, a effectivement empêché les passagers de payer plus sur les lignes concernées. Malheureusement, le manque de clarté actuel nous fait craindre que les consommateurs paient le prix de cette fusion en termes de tarifs plus élevés, de choix d’itinéraires réduits et de services dégradés. »

« La Commission européenne doit résister aux pressions politiques qui l’obligeraient à autoriser une plus grande consolidation des marchés, protégeant ainsi les intérêts des consommateurs plutôt que ceux des grandes entreprises, notamment à la lumière de son propre rapport récent qui souligne les dommages causés par une concurrence insuffisante en Europe. »

Arrière-plan

Le 23 janvier 2024, la Commission a ouvert une enquête approfondie pour déterminer si l’acquisition par Lufthansa d’une participation dans ITA était susceptible de restreindre la concurrence dans la fourniture de services de transport aérien de passagers à destination et en provenance de l’Italie. Le BEUC est intervenu officiellement dans l’enquête de la Commission pour exprimer son point de vue selon lequel la concentration ne devrait être autorisée qu’avec des mesures correctives permettant de contrer efficacement tous les préjudices de concurrence qui pourraient en résulter pour les consommateurs en termes de prix plus élevés, de choix et de connectivité réduits et de qualité de service inférieure.

Le BEUC a également écrit à la vice-présidente exécutive de la Commission, Margrethe Vestager, le 17 juin, pour exprimer ses inquiétudes concernant l’intense pression politique exercée pour autoriser la fusion Lufthansa ITA malgré les problèmes de concurrence évidents que l’affaire soulevait.

La lettre du BEUC souligne que la consolidation du transport aérien de passagers a déjà porté préjudice aux consommateurs européens. La Commission elle-même enquête sur les raisons pour lesquelles les prix des passagers ont augmenté jusqu’à 30 % au cours de l’été 2023 par rapport à 2019, notant que les augmentations en pourcentage dépendent de divers facteurs, notamment du « nombre de transporteurs concurrents desservant une ligne particulière ». Dans le même temps, les grands groupes aériens comme Lufthansa ont annoncé des bénéfices record.

L’étude récemment publiée par la Commission intitulée « Protéger la concurrence dans un monde en mutation » souligne que les prix au kilomètre sont plus élevés sur les lignes desservies par un nombre réduit de compagnies aériennes. Le rapport fait également référence à des recherches indiquant qu’une concurrence accrue dans le secteur aérien de l’UE pourrait potentiellement bénéficier aux consommateurs à hauteur de 900 millions d’euros par an.

Le BEUC a toujours adopté la position selon laquelle la Commission doit appliquer les règles de contrôle des concentrations pour maintenir une concurrence effective, en empêchant une concentration supplémentaire du marché qui permet aux entreprises de devenir si puissantes qu’elles peuvent nuire aux consommateurs et à l’économie de l’UE.